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Un peu d'histoire ...

L'existence de la FDSH13 n'a de sens que par la richesse de l'histoire et du patrimoine hydraulique du département. La plupart des ASP ont été créées il y a de cela plusieurs siècles; un avènement que l'on peut synthétiser de la manière suivante :

De 1583 au début du XXe siècle

Adam de Craponne et les OEuvres Générales ou l'épopée de l'accès à l'eau sur le territoire

Branche Pelissanne au moulin J Bertrand.JPG

"Il fait bon moudre tandis qu'on à l'eau à commandement " - Proverbe français (1611)

Dans le passé, la Durance pouvait être une grande source de richesse pour les agriculteurs qui pouvaient y avoir accès ... et de ce fait également une source de convoitise et de jalousies. Les tensions et revendications entre Vauclusiens et bucco-rhodaniens pour dériver cette ressource en Basse Durance étaient vives, tout comme celles des Hautes Alpes et Alpes de Haute Provence, traversés plus en amont.

Le plus vieux canal alimenté par la Durance se situe dans le Vaucluse : le Canal Saint-Julien a été créé en 1171 pour l'alimentation des moulins à farine.

 

Dans les Bouches-du-Rhône, c'est Adam de Craponne (1526-1576), gentilhomme et ingénieur qui obtient le 17 Août 1554 le droit de dériver une partie des eaux de la Durance (à partir de La Roque d'Anthéron) pour développer d'abord l'économie autour des moulins du pays salonnais mais également l'agriculture bien qu'elle ne soit pas la finalité principale de la démarche. S'en suit alors en 1581 l'acceptation de la demande des frères Ravel pour apporter cette eau déviée de la Durance jusqu'à Arles, donnant l'opportunité à la plaine de la Crau de pouvoir développer une activité agricole là où il n'y a alors que des coussouls, et ce en un temps record !

Ainsi en 1583, l'OEuvre Générale de Craponne est créée, détentrice des droits d'eau à répartir pour le transport entre les branches de Salon (dont celles de Grans et Pelissanne) et d'Arles (dont celles d'Eyguières et d'Istres). L'avènement de ces ouvrages qualifiés de "maitre" va donner naissance à une multitude de Syndicats d'irrigants (appelés génériquement aujourd'hui Association Syndicale de Propriétaires (ASP)) qui existent encore et dont la mission est de transporter l'eau sur un réseau plus finement maillé et jusqu'à la parcelle, souvent à l'échelle d'une commune. 

Plus tard, en 1813 et sous l'égide de l'Evêque de Boisgelin, le regroupement de plusieurs structures et concessions domaniales engendre la création de l'OEuvre Générale des Alpines, également appelée "branche méridionale".

Ces aménagements participant à l'essor économique du territoire, la Durance devient également source d'eau potable en 1836 avec une concession de 9 000 litres/seconde accordée au Canal de Marseille pour sécuriser les apports en eau jusque là tributaires des débits de l'Huveaune.

De 1783 à 1836, les concessions étaient attribuées en "moulans" (rapport aux activités des moulins), 1 moulan étant égal à +/- 265 litres/seconde. Ce n'est qu'à la moitié du XIXe siècle que l'eau sera affectée principalement pour un usage agricole.

De 1907 à nos jours

L'aménagement de la Durance et la gestion partagée de la ressource en eau

partiteur Crottes.JPG

​"C'est quand le puit est à sec que l'on connait le prix de l'eau" - Proverbe provençal  (1892)


Il ne faut pas omettre un détail qui a son importance : la Durance est une rivière à forte expansion; et tous les ouvrages de "prise" sur celle-ci sont détruits à chaque crue ... Demandant une grande mobilisation en termes de travail mais aussi de financement et ce depuis des siècles.

Le 11 Juillet 1907, la IIIe République crée par une loi la Commission Exécutive de la Durance, composée de canaux du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et de l'Etat afin de gérer de manière plus pérenne et constructive l'utilisation de la ressource en cas de pénurie (notamment en cette année 2022).

Le 5 Janvier 1955, l'aménagement hydroélectrique de la basse Vallée de la Durance est déclaré d'utilité publique par la loi n°55-6 du 5 janvier 1955. Electricité de France, concessionnaire de I'Etat, a construit un canal usinier transportant I'eau de la Durance depuis la réserve de Serre-Ponçon. Cette dernière ayant été en partie financée par le Minsistère de l'Agriculture, il a été octroyé en contrepartie une "réserve agricole" composée de 200 millions de m3 a destination de l'agriculture et à gérer à bon escient par la CED du 1er Juillet au 30 Septembre de chaque année. Il a ensuite été demandé de procéder à la réalisation de nouvelles prises réalimentant en eau brute les canaux existants à partir du canal usinier et en particulier jusqu'à Lamanon puisque les prises historiques deviendraient inutilisables. E.D.F. a donc construit, pour le compte de I'Association Syndicale Autorisée de l'Union du canal commun d'irrigation Boisgelin Craponne (UBC, créée par A.P. du 21 juin 1968), un canal permettant le report du transport des dotations de l'OGC et de l'OGA, dorénavant contractualisées sous forme de convention.

Depuis cette époque, le trajet de l'eau n'a pas changé mais le fonctionnement des canaux tend à évoluer.  L'augmentation des épisodes de tensions sur la ressource, la prise en compte du débit réservé de la Durance mais aussi l'augmentation des besoins en eau des cultures avec le changement climatique sont autant de défis à relever, avec des moyens financiers qui ont peu évolué et des besoins qui sont toujours plus nombreux. La résilience des canaux bucco-rhodanien reposera sur un équilibre entre gestion optimisée des besoins via des projets de régulation ainsi qu'une adaptation aux cultures pour une irrigation de précision avec la mise sous-pression par exemple. Cependant, la pratique gravitaire ancestrale aura encore sa place et son sens du fait de tous les services écosystémiques qui sont rendus, tant en termes de biodiversité (trame bleue ou verte) qu'en approvisionnement en eau potable de centaine de milliers de citoyens comme le défend également le SYMCRAU.

"Nous n'héritons pas de la terre de nos parents, nous l'empruntons à nos enfants" - Antoine de St Exupéry

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